Suivre Ali Lmrabet

Petition online:http://ow.ly/P1An4

aliwithoutID.blogspot.com (Anglais) /alisinpapeles.blogspot.com (Espagnol)

@AliLmrabet #alilmrabetID

domingo, 28 de junio de 2015

Demainonline: Ali Lmrabet répond à un « article » télécommandé paru dans le site Hiba Press

Le site Hiba Press a publié un « article » intitulé « Ali Lmrabet, l’histoire d’un homme qui cherche la célébrité » (علي المرابط: حكاية رجل يبحث عن الشهرة), dans lequel il revient sur ma grève de la faim devant le siège des Nations Unies à Genève.
L’article est signé par un certain Reda Saïd, qui est un illustre inconnu. Et ce qui est symptomatique de l’attaque gratuite, c’est qu’il n’avance aucun argument pour me contredire ou défendre l’Etat.
La plupart de ceux qui ont lu l’article l’ont tellement trouvé mensonger et téléguidé qu’ils ont été 41 à signaler qu’ils ne l’ont pas aimé, contre seulement13. (Mais il reste encore du temps pour inverser la tendance en envoyant des trolls).

En résumé, cet article que je publie ci-dessous pour que les lecteurs puissent en prendre connaissance, explique que ma présence à Genève et ma grève auraient été commanditées par les ennemis du Maroc, dont je serais l’instrument pour nuire aux intérêts de l’Etat.
J’aurais aussi exhibé des slogans qui n’ont rien à voir avec la réalité pour« nuire à la construction d’un Etat démocratique ».
Une nouveauté tout de même, on ne parle plus du financement de mon voyage à Genève par l’Algérie. Mais « l’auteur », ou les « auteurs » de l’article ont trouvé mieux :  je suis à la recherche de la célébrité. 
Enfin, et c’est le plus rigolo, l’officine qui a confectionné cet l’article me demande d’avoir le « courage » d’aller en justice. Au Maroc, bien entendu.
Voilà grosso modo ce qui est écrit dans cet « article ».
Maintenant, voici ma réponse. Et comme toujours, et c’est ce qui irrite le plus le régime marocain, elle est basée sur des faits et non sur des racontars.
Dire que ma grève de la faim a été « commanditée » par les « ennemis du Maroc » n’est peut-être pas une fausse assertion. Mais ces ennemis se trouvent à l’intérieur du pays et se trouvent au gouvernement et dans les rouages de l’Etat.
Qui a décidé de me retirer mon certificat de résidence, que j’ai obtenu le plus légalement du monde, pour renouveler mes papiers d’identité ? Et pour quelle raison l’a-t-on fait ?
Et puis même si l’administration marocaine ne veut pas que je dise que je réside chez mon père, en dépit de l’abondante documentation en ma possession, pourquoi refuse-t-elle d’autres solutions ? A savoir une ou plusieurs autres adresses ? J’ai proposé à travers des activistes de l’AMDH à Tétouan de fournir une autre adresse, toujours à Tétouan.
J’ai donné les noms de ces activistes, la date de cette proposition et même le nom du responsable sécuritaire qui l’a réceptionnée. Aucune réponse !
Pour ce qui est de l’exhibition de slogans qui n’ont rien à voir avec la réalité, regardons-les, lisons-les ensemble !
Je me pose la question : « Le Maroc a-t-il vraiment changé ? ». Et je donne les réponses que voici :
2000 : Interdiction de mon premier hebdomadaire Demain.
Est-ce faux ? C’est le premier ministre de l’époque, Abderrahmane Youssoufi, qui l’a interdit sans jamais fournir aucune explication. Youssoufi voulait punir Le Journal et Assahifa pour avoir publié des révélations sur l’implication des socialistes marocains dans l’attentat monté par le généralMohamed Oufkir en 1972 pour assassiner Hassan II, et il a mis ma publication, qui n’avait pourtant rien publié, dans la corbeille de l’interdiction. Plus tard, l’un de ses conseillers, un avocat de renom, avouera que le nom deDemain a été soufflé à Youssoufi par le Palais royal.
2001 : Condamnation à quatre mois de prison.
Est-ce faux ? J’ai été condamné pour « troubles à l’ordre public ». Quels troubles ? Peut-on troubler l’ordre public en publiant un article au conditionnel évoquant la possible vente d’un palais ? Pour exemple, quand Hassan II a vendu ses palais à l’Etat marocain, tout en continuant à les utiliser en tant que chef d’Etat, a-t-il troublé l’ordre public ?
2003 : Condamnation à quatre ans de prison et à la fermeture de mes journaux Demain magazine et Doumane.
Est-ce faux ? J’ai été condamné à quatre ans de prison ferme, une peine ramenée à trois ans en appel, pour la publication d’un article sur le budget royal, dont la somme est rendue publique chaque année au parlement ; pour la retranscription de l’interview d’un républicain marocain donnée à un quotidien espagnol, dont les termes les plus saillants ont été supprimés ; et pour quelques caricatures qui n’ont rien à voir avec celles de Charlie Hebdo, un hebdomadaire martyr que cinq millions de personnes sont sorties dans la rue pour défendre au mois de janvier dernier.
2005 : Interdiction de la profession de journaliste pendant dix ans (2005-2015).
Est-faux ? J’ai été interdit pour avoir utilisé des termes honnis par le régime mais qui, étrangement, sont utilisés par une partie de la presse marocaine et quelques membres du gouvernement … marocain (Lire cet article : Genève : « Al Ahdath » et les « autres » attaquent Ali Lmrabet)
2015 : Refus des autorités marocaines de me renouveler mes pièces d’identité.
Est-ce faux ? Sinon qu’est-ce que je fais là ?
Pour reprendre le fil de l’article cité, je serais donc à la recherche de la« célébrité ». Pour ce qui est de cette « célébrité », je la donne à quiconque en échange d’une carte d’identité nationale et d’un passeport.
Maintenant les faits, que tout le monde peut juger de lui-même en consultant le dossier sur cette affaire en accédant à l’article : « Refus des autorités marocaines de renouveler les pièces d’identité du journaliste Ali Lmrabet. Le dossier »)
Avant d’entamer une grève de la faim qui va porter atteinte à ma santé, j’ai frappé patiemment pendant deux mois à toutes les portes, au Maroc mais aussi à Genève.
Au Maroc : A Tétouan, mon avocat Me Mohamed Lahbib Haji, qui a été témoin de mes péripéties et a publié un communiqué détaillé à cet effet, a tenté désespérément de contacter autant le wali de Tétouan, M. Mohamed El Yaakoubi, que le préfet de police pour régler cette affaire. A Casablanca, un avocat et un député istiqlaliens se sont proposés de régler ce problème au parlement. Toujours en vain. A Rabat, l’AMDH a écrit au chef du gouvernement, au ministre de l’intérieur, au ministre de la justice, au délégué interministériel charge des droits de l’homme et au président du Conseil national des droits de l’homme (CNDH). Aucune réponse officielle. Mais quelques réponses officieuses : le cas Lmrabet les dépasse. Le problème ne serait pas ce ridicule certificat de résidence, mais mon intention déclarée de relancer mes journaux satiriques interdits en 2003.
Si c’est le cas, alors comme ça on interdit quelqu’un de son identité pour l’empêcher d’exercer son métier ? Que fait-on de la nouvelle constitution ? Qu’en est-il de la « construction d’un Etat démocratique » ?
Mes journaux allaient être soumis, comme toutes les publications marocaines, à l’empire de la loi marocaine. N’est-ce pas suffisant ?
A Genève : Le premier jour de mon arrivée au Palais des Nations à Genève, j’ai croisé le représentant du Maroc auprès des Nations Unies, M. Mohamed Aujjar. Nous nous sommes salués cordialement et je lui ai expliqué de manière volontaire la raison de ma présence. Je suis venu, à l’invitation de deux ONG, l’une française et l’autre américaine, pour défendre mon droit à mon identité et au renouvellement de mes papiers d’identité. Je suis venu parler uniquement de mes problèmes personnels et de la persécution impitoyable que je souffre de la part du régime marocain depuis deux décennies maintenant. Je ne suis venu parler ni du référendum au Sahara occidental, ni des droits des femmes, ni de l’éducation des enfants ni de la disparition des abeilles.
Quelques jours plus tard, au moment où j’étais interviewé par le journaliste duTemps, M. Luis Lema, au salon Le Serpent du palais des Nations, M. Aujjar s’est approché de nous. Il a spontanément affirmé à Lema, comme le rapporte ce dernier dans son article « Le purgatoire d’un journaliste satirique », qu’il s’agissait d’un « simple malentendu administratif » un « quiproquo » qui allait être rapidement réglé.
Quelques minutes plus tard, j’ai eu une conversation avec deux diplomates marocains. A leur demande, et par courtoisie, je leur ai remis ma lettre et la documentation en ma possession. « Si votre problème de certificat de résidence est réglé, que ferez-vous ? »me demanda l’un d’eux. « Je rentrerais sur le champ au Maroc. Je ne suis pas venu en vacances à Genève qui est une ville très chère. Je suis là pour défendre un droit que nul ne peut m’ôter : l’établissement de ma carte d’identité et de mon passeport », lui ai-je répondu.
Depuis, plus aucune nouvelle, alors que la prorogation ou le remplacement par l’ambassade du Maroc en Suisse de mon passeport biométrique, qui allait expirer le 24 juin, aurait suffi pour régler une partie du problème.
Quant à mon manque de « courage » d’ester en justice au Maroc, c’est une réponse classique des services secrets quand ils veulent verrouiller une affaire. Je ne tomberai pas dans ce piège.
Tous les Marocains le savent : la justice marocaine n’est pas indépendante. Et plus encore quand il s’agit d’un cas politique comme le mien. Nous en avons fait l’expérience dans un passé récent. Quand nous nous adressions au tribunal administratif, le juge se déclarait « non compétent » ou refusait le référé. Ce qui avait pour conséquence de renvoyer le dossier aux calendes grecques, c’est-à-dire à une bonne dizaine d’années de procédures interminables.
Et d’ailleurs, quand des juges administratifs condamnent l’Etat marocain, il n’y a personne pour contraindre ce même Etat à exécuter la sentence.
Tous les avocats de renom que j’ai consultés, de Me Abderrahim Berrada au bâtonnier Abderrahim Jamaï, m’ont déconseillé de le faire.
L’un d’eux, Me Berrada, me rappela l’affaire de la nationalité d’Abraham Serfaty. Quand Hassan II le déclara « brésilien » en 1991 et l’expulsa du Maroc, Me Berrada déposa plainte contre l’Etat. Après plusieurs années, l’affaire attérit au tribunal suprême qui convoqua un représentant du ministère de l’intérieur pour fournir ses preuves. Le ministère dirigé par Driss Basri ne daigna même pas répondre. Puis à la surprise générale la haute cour donna tort à Serfaty.
Serfaty ne recouvra sa nationalité qu’après l’avénement du règne de Mohamed VI. Et ce en dépit de la fameuse décision du … tribunal suprême.
Alors, y a-t-il une justice au Maroc ? La réponse est non ! Le roi lui-même expliqua un jour qu’il fallait réformer en profondeur la justice. Car dans quel pays du monde on condamne un journaliste à dix ans d’interdiction de sa profession sur la base de textes de loi inexistants pour l’empêcher de relancer ses journaux, comme ce fut mon cas en 2005 ?
Les autorités marocaines ne me laissent aucun autre choix que de me défendre. Personne ne fait une grève de la faim pour le plaisir. Et il ne s’agit pas de gagner ou de perdre, il s’agit d’une question vitale qui a trait à l’identité d’un citoyen.
Ali Lmrabet

No hay comentarios:

Publicar un comentario