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jueves, 25 de junio de 2015

Le Temps (Suisse): Le purgatoire d’un journaliste satirique



Pendant dix ans, Ali Lmrabet a été interdit de faire son métier. A présent, il cherche des appuis à Genève pour relancer le journal satirique qui l’avait rendu célèbre
A Tétouan, le commissaire de police le lui a candidement avoué: «On m’a demandé de vous retirer votre certificat de résidence. Vous n’habitez plus ici.»Où habite donc le journaliste marocain Ali Lmrabet? Visiblement, les autorités de son pays souhaiteraient le rendre invisible. Comme si Ali Lmrabet n’existait tout simplement pas.
Au début des années 2000, pourtant, le journaliste créait la sensation dans son pays. A tel point que, trois lustres plus tard, les gens continuent de l’accoster dans la rue. Ils lui glissent qu’ils gardent encore, chez eux, à l’abri des regards, tous les exemplaires de son ancien journal satirique, Demain(Doumane, dans sa version arabe).
Un tirage de plus de 100 000 exemplaires, des articles et des dessins de presse franchement irrespectueux, un ton complètement inédit dans le pays: c’en était trop pour le pouvoir marocain, qui interdisait le journal, jetait son fondateur en prison et inventait de toutes pièces une peine inconnue dans le Code pénal national. Voilà le journaliste satirique interdit d’exercer son métier pendant dix ans dans son pays, sans possibilité de recours.
Cette période de purgatoire est aujourd’hui révolue, du moins en théorie. Ali Lmrabet est aussi indocile qu’obstiné. En marge des travaux du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, à Genève, il a pris rendez-vous avec lerapporteur spécial sur la liberté d’expression; il a abordé journalistes internationaux et ambassadeurs. Il explique: «Pour obtenir une licence de travail, la loi exige un certificat de résidence au Maroc. Or, après me l’avoir délivré dans un premier temps sans sourciller, la police me l’a retiré le lendemain.» Plus piquant encore: dans quelques jours, le passeport marocain d’Ali Lmrabet arrive à expiration. Or, sans ce même certificat de résidence, pas moyen de renouveler les papiers d’identité. «Je vais devenir le premier sans-papiers national marocain», sourit-il.
Demain est prêt à renaître de ses cendres. Les locaux sont loués, l’équipe est constituée, le plan de parution établi. Le but est de rapidement dépasser le seuil des 100 000 exemplaires et de hisser le journal à la première place du pays. «La satire est un genre qui embarrasse particulièrement le pouvoir, note Ali Lmrabet. Nous pouvons nous moquer des personnes sans tomber dans l’insulte ou la diffamation.»
Au Maroc, personne n’a répondu aux requêtes du journaliste satirique, pas plus qu’à celles de l’organisation Reporters sans frontières, qui le soutient.«C’est comme si la question n’existait pas, ou peut-être comme si moi-même je n’existais plus.» Les partis politiques officiels restent de marbre. Seul un groupe islamiste toléré par le pouvoir, Justice et Spiritualité, a pris fait et cause pour le journaliste satirique.
Alors que, au Conseil des droits de l’homme, le Maroc s’est fait le héraut de la liberté d’expression, les pressions internationales se révèlent particulièrement discrètes à l’égard de ce pays considéré comme un «rempart» face à l’islamisme.
Entre deux rencontres à Genève, Ali Lmrabet finit par croiser Mohamed Aujjar, l’ambassadeur du Maroc auprès de l’ONU. Lui-même ancien journaliste, devenu ministre chargé des Droits de l’homme, le diplomate semble a priori l’interlocuteur rêvé. Il évoque un «malentendu», un simple quiproquo administratif. Ali Lmrabet disposera-t-il de ses documents avant le 24 juin, date à laquelle expire son passeport? «Nous y travaillons.»
Luis Lema
Source : Le Temps

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