Le caricaturiste Khalid Gueddar et le journaliste Ali Lmrabet sont tous les deux sous le coup de décisions juridiques et administratives les privant de leurs libertés et les empêchant d’exercer leur métier.
“Le caricaturiste Khalid Gueddar a été condamné [le 3 juillet] à trois mois de prison ferme par le tribunal de première instance de Kenitra pour ‘état d’ébriété sur la voie publique’ et ‘atteinte à un corps constitué’. L’affaire remonte à 2012”, rapporte TelQuel.
Quant au journaliste Ali Lmrabet, les autorités ont tout simplement refusé de lui délivrer ses papiers d’identité. Il relate les faits dans un communiqué publié le 25 juin sur le site qu’il dirige, Demainonline.com : “Après plus de deux mois de vaines tentatives pour renouveler dans ma ville natale, Tétouan, mes papiers d’identité (ma carte d’identité nationale électronique et mon passeport biométrique), et devant le refus obstiné du gouvernement marocain, qui a fait de moi arbitrairement à partir du jeudi 25 juin un ‘sans-papiers’ dans son propre pays, de répondre à mes sollicitations, j’ai entamé le 24 juin 2015, à 10 h 30, une grève de la faim illimitée.”
En 2003 déjà, le journaliste avait été condamné à trois ans de prison ferme au terme d’un procès pour “outrage au roi”. Et ses publications, Demain Magazine etDoumane (arabophone) ont été interdites. Relâché début 2004 à la faveur d’une grâce royale, il est condamné en 2005 à dix ans d’interdiction d’exercer le métier de journaliste au Maroc. Une période qui a pris fin le 12 avril, rappelle TelQuel.
Un prétexte
Du côté de Gueddar, l’affaire de 2012, pour laquelle il vient d’écoper d’une peine de prison, “n’est qu’un prétexte”. Dans un communiqué, il écrit : “Je ne me fais aucune illusion : cette condamnation vise ma liberté d’expression.” Le caricaturiste explique que “cette peine tombe au moment même où mes collègues Ali Lmrabet, Ahmed Senoussi [humoriste] et moi-même nous apprêtons à lancer un nouveau magazine satirique”, poursuit l’hebdomadaire marocain.
Premier dessinateur marocain à avoir osé caricaturer le roi Mohamed VI, Khalid Gueddar a déjà été poursuivi en 2009 et condamné en février 2010 à quatre ans de prison avec sursis pour avoir réalisé un dessin du mariage de Moulay Ismaël, le cousin du roi. Connu pour sa liberté de ton, il dénonce cette censure : “Le régime marocain a peur de l’humour et du journalisme professionnel, et son animosité à l’encontre des journalistes prend de l’ampleur jour après jour.”
Lmrabet qui poursuit sa grève de la faim place des Nations, à Genève, en face du siège des Nations unies, souligne pour sa part : “Mon but est d’exiger devant le siège de l’ONU, comme tout citoyen, des pièces d’identité pour relancer au Maroc mes journaux satiriques, interdits en 2003, et ainsi de dénoncer l’autoritarisme qui nous gouverne et qui a fait de mon pays une propriété privée dont les résidents appartiennent corps et âme au maître autoproclamé des lieux. Mon sit-in et ma grève de la faim sont pacifiques.”
Source : Courrier International
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